« Scène de guerre » dans le Puy-de-Dôme, trois gendarmes tués
By Caroline Pailliez and Jean-Stéphane Brosse
PARIS (Reuters) – Trois gendarmes ont été tués par balles et un quatrième a été blessé par un individu « surarmé » dans la nuit de mardi à mercredi à Saint-Just, une commune du Puy-de-Dôme, lors d’une intervention pour violences conjugales.
L’auteur des coups de feu, retrouvé mort quelques heures plus tard, s’est probablement suicidé, a déclaré le procureur de la République de Clermont-Ferrand.
« C’est une véritable scène de guerre à laquelle nous avons été confrontés ce matin : des centaines et des centaines de douilles, la maison incendiée, un individu surarmé. C’est véritablement une scène atypique », a déclaré Eric Maillaud lors d’une conférence de presse jeudi après-midi.
Les gendarmes décédés sont un lieutenant de 45 ans, un adjudant de 37 ans et un brigadier âgé de 21 ans du groupement de gendarmerie départementale du Puy-de-Dôme.
Un autre militaire a été blessé à une cuisse et pris en charge par les secours. Ses jours ne sont pas en danger, a indiqué le ministère de l’Intérieur.
« Appelés à intervenir pour venir en aide à une femme victime des coups de son conjoint, les gendarmes, dans des circonstances qui restent à préciser, essuient des tirs de l’homme et ripostent », a détaillé le ministère dans un communiqué.
Selon les premières hypothèses, le meurtrier a lui-même incendié sa maison. Sa femme s’était réfugiée sur le toit au moment où les gendarmes sont intervenus, a précisé le parquet.
Les gendarmes ont « mis à l’abri la victime sous le feu du tireur et c’est dans ce contexte-là que quatre gendarmes seront touchés par balles et que nous avons trois morts », a précisé le procureur Eric Maillaud.
LE TIREUR « DÉTERMINÉ À FAIRE UN CARNAGE »
L’auteur des faits est ensuite parti au volant d’un 4×4 dont il a perdu le contrôle à un kilomètre et demi environ de son domicile. Son corps a été retrouvé à proximité de son véhicule qui s’est écrasé contre un arbre, « un (pistolet) Glock à la main, et à côté de lui, un fusil d’assaut semi-automatique AR-15, équipé d’un silencieux, d’une torche et d’un système de visée laser », a-t-il ajouté.
« On a donc affaire à quelqu’un qui était extrêmement déterminé à faire un carnage. (…) Au regard des premiers éléments de l’autopsie, on a toutes les raisons de penser qu’il s’est suicidé. (…) Il y a une perforation allant du tympan droit au tympan gauche. »
Le tueur pratiquait le tir en compétition, avait été précédemment marié. « Il se disait catholique très pratiquant, presque extrémiste, survivaliste, il fréquentait les stages d’entraînement à la survie, il semblerait également qu’il était persuadé de la fin du monde prochaine », a dit Eric Maillaud.
Agé de 48 ans, il était connu des services de justice pour des affaires de pension alimentaire non payées pour un enfant, a précisé le parquet.
Plus d’une vingtaine de gendarmes sont intervenus au total. « Il y a le choc, l’émotion et il faudra un certain temps pour pouvoir reconstituer précisément la chronologie », a déclaré le procureur de Clermont-Ferrand. « C’est une scène de crime complexe, on est loin d’avoir toutes les réponses. »
Le président de la République Emmanuel Macron a déclaré que « la Nation s’associ(ait) à la douleur des familles », qualifiant les forces de sécurité de « héros ».
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu à la caserne de gendarmerie d’Ambert à laquelle ces gendarmes appartenaient pour présenter ses condoléances face à cet événement qu’il a qualifié de « l’un des plus tragiques » de l’histoire des forces de l’ordre en France.
(Caroline Pailliez et Jean-Stéphane Brosse, édité par Bertrand Boucey et Jean-Michel Bélot)