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Les Etats-Unis conseillent à Israël de ne pas entrer dans Gaza pour l’heure

par Matt Spetalnick, Steve Holland et Humeyra Pamuk

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WASHINGTON (Reuters) – Les Etats-Unis conseillent à Israël de se retenir pour l’heure de mener une offensive terrestre dans Gaza et tiennent informé de ces discussions le Qatar, qui sert de médiateur avec le Hamas, ont déclaré des sources, alors que Washington veut libérer des otages supplémentaires et se préparer à une potentielle escalade régionale du conflit.

Depuis l’attaque du Hamas dans des localités israéliennes qui a fait 1.400 morts, le 7 octobre, et les représailles aériennes de Tsahal dans la bande de Gaza dans lesquelles plus de 5.000 personnes sont mortes, les Etats-Unis ont affiché leur soutien inébranlable à leur allié de longue date, soulignant qu’Israël avait le droit de se défendre.

Washington a aussi affirmé publiquement que l’Etat hébreu était le seul décideur s’agissant du calendrier de la guerre destinée à « éradiquer » le Hamas.

Mais, selon deux personnes au fait des discussions, la Maison blanche, le Pentagone et le département d’Etat américain multiplient en privé les appels à la prudence lors d’échanges avec les responsables israéliens, sur fond de crise humanitaire amplifiée à Gaza où les 2,3 millions d’habitants manquent de nourriture, d’eau et de médicaments, tandis que l’électricité a été coupée dans l’enclave, placée sous blocus total par Israël.

Washington a pour priorité de disposer de davantage de temps pour mener des négociations pour la libération des personnes enlevées par le Hamas le 7 octobre et détenues depuis lors à Gaza, ont déclaré les sources, une volonté renforcée par la libération inattendue vendredi de deux femmes binationales ayant un passeport américain. Deux Israéliennes ont aussi été libérées lundi, portant à quatre le nombre de libérations effectuées par le Hamas – sur les 222 otages qu’il détiendrait.

D’après un représentant américain, l’administration du président Joe Biden, consciente du rôle du Qatar comme intermédiaire avec le Hamas, tient Doha informé des conseils qu’elle donne à Israël afin que les représentants qataris disposent de tous les éléments en marge des négociations sur les otages.

« Pour l’heure, il n’y a aucune feuille de route claire sur des étapes vers une désescalade complète. La priorité est de travailler à faire sortir les otages, étape par étape », a dit l’une des sources au fait des négociations sur les otages.

RÉPERCUSSIONS

Un autre représentant américain a déclaré que les gouvernements européens, qui sont nombreux à compter des ressortissants parmi les otages du Hamas, suggéraient aussi à Israël de se retenir de lancer une invasion terrestre de Gaza afin que les négociations sur les otages puissent aboutir.

Au cours d’un entretien téléphonique qu’il a organisé dimanche avec les dirigeants canadien, britannique, français, allemand et italien, Joe Biden a discuté de la question des otages et de la crise humanitaire à Gaza, a indiqué la Maison blanche.

Selon l’un des représentants américains s’exprimant sous couvert d’anonymat, demander à Israël de patienter pour mener une offensive au sol permet aussi de disposer de davantage de temps pour acheminer de l’aide humanitaire à Gaza.

L’Onu a indiqué que, depuis samedi, une cinquantaine de camions transportant des aides ont pu entrer dans l’enclave depuis l’Egypte. Des représentants onusiens préviennent qu’il faudrait au moins une centaine de camions par jour pour répondre aux besoins les plus urgents de la population de Gaza.

Depuis le début du conflit, Washington s’entretient avec Israël pour connaître ses « intentions, stratégie, objectifs », a déclaré lundi un porte-parole de la Maison blanche.

Un représentant du Pentagone a indiqué que le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a souligné lors de nombreux entretiens téléphoniques avec son homologue israélien la nécessité d’être préparés aux répercussions d’une offensive terrestre, entre risque d’un embrasement régional, sort des otages et crise humanitaire.

Les Etats-Unis ont demandé à Israël de suivre les règles de guerre pour une éventuelle invasion de Gaza, territoire majoritairement urbain et densément peuplé.

Israël a semblé adopter une approche différente dans sa stratégie militaire depuis dimanche, envoyant des équipes de soldats mener des incursions localisées dans Gaza, avec l’appui de chars, ce qui a donné lieu à des affrontements avec des combattants du Hamas.

Tsahal continue de mener des frappes aériennes, pilonnant des zones de Gaza où se regroupent selon elle des combattants du Hamas pour mener des embuscades en cas d’invasion israélienne.

Washington veut par ailleurs davantage de temps pour se préparer à des attaques contre ses intérêts au Moyen-Orient, particulièrement dans l’hypothèse d’une escalade régionale du conflit, notamment entre Israël et le Hezbollah libanais, soutenu – comme le Hamas – par l’Iran.

(Reportage Matt Spetalnick, Steve Holland et Humeyra Pamuk, avec Dan Williams à Jerusalem, Andrew Mills à Doha, Phil Stewart, Idrees Ali et Trevor Hunnicutt à Washington; version française Jean Terzian)

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